Une trentaine d’ONG réunies lundi à Jaen (sud) ont tiré la sonnette d’alarme sur le phénomène montant de l’islamophobie à travers l’Europe et appelé les gouvernements à l’action contre les discriminations dont souffrent les 15 millions de musulmans européens.
« La situation est très grave » a résumé l’islamologue algérien Mustapha Chérif, appelant l’Europe à « donner l’exemple » dans la lutte contre l’intolérance anti-islam.
« L’islamophobie est un phénomène en expansion » a confirmé Jasser Auda, représentant de l’association britannique Forum against islamophobia and racism, avant d’insister sur l’importance des programmes éducatifs pour lutter contre le phénomène.
L’Espagne organise une conférence internationale sur « l’intolérance et la discrimination envers les musulmans », mardi et mercredi à Cordoue (sud) sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont Madrid exerce actuellement la présidence tournante.
Avant ce rendez-vous officiel, qui comptera la participation de représentants de 56 pays membres de l’OSCE et du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, les ONG ont organisé leur propre sommet, lundi à Jaen, une ville proche de Cordoue.
« Il est bon d’attirer l’attentation des gouvernements, d’accroître leur niveau de conscience sur le sujet », a expliqué à l’AFP l’un des participants, Aydin Suer, porte-parole de Femyso, une confédération européenne d’associations de jeunes musulmans.
Il n’y a pas de solution toute faite pour combattre l’islamophobie, ont reconnu les organisations. « Le problème est complexe et les solutions elle-même sont complexes », a estimé M. Suer.
« On ne peut blamer uniquement l’éducation ou les médias » pour véhiculer des images négatives, des stéréotypes sur les musulmans, et « nous devons, nous aussi musulmans, nous remettre en question », estime M. Suer.
La trentaine d’ONG doit pointer un certain nombre de recommandations à apporter à la conférence officielle de l’OSCE mardi et mercredi.
« Ce sera le message de la société civile » aux gouvernements réunis à Cordoue, a expliqué José Maria Ferré, ambassadeur spécial de l’Espagne en charge des relations avec les communautés musulmanes.